Communiqué final du Congrès International
"Les tendances idéologiques, entre la liberté d'expression et les fondements de l'Islam"
Louanges à ALLAH et que la paix et le salut soient sur le Sceaux des Messagers, notre Prophète Mohammad, sur ses proches et tous ses compagnons.
Sous la noble égide du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane ibn AbdoulAziz Al Saoud, Roi d'Arabie Saoudite, la Ligue Islamique Mondiale eu l'honneur d'organiser, via son Conseil de Droit Islamique, un Congrès International intitulé: "Les tendances idéologiques, entre la liberté d'expression et les fondements de l'Islam", et ce, au siège de son Secrétariat général à Makkah, le terre de la première révélation et la qibla de tous les musulmans, du 20 au 22 Joumada Al Akhira (21-19/3/2017) en présence de savants, d'intellectuels et de prédicateurs du monde musulman.
Son Altesse Royale, le Prince Khalid Al Faysal ibn AbdoulAziz Al Saoud, Conseiller du Serviteur des Deux Saintes Mosquées et Gouverneur de la région de Makkah inaugura la cérémonie d'ouverture du Congrès au nom du Serviteur des Deux Saintes Mosquées en souhaitant la bienvenue aux invités de la Ligue parmi les savants et les intellectuels et en posant les grandes lignes de ce Congrès. Ce qui valut a son intervention d'être considérée par tous les participants comme l'un de ses documents de référence.
La parole fût ensuite donnée au Moufti Général du Royaume d'Arabie Saoudite, le Président du Conseil des Grands Savants, du Conseil Suprême de la Ligue Islamique Mondiale et de son Conseil de Droit Islamique, le Cheikh AbdoulAziz ibn AbdouLLAH Al Cheikh. Le Secrétaire Général de la Ligue Islamique Mondiale, Président du Conseil d'Administration de l'Organisation Mondiale des Savants Musulmans et Vice-Président du Conseil de Droit Islamique de la Ligue, le Cheikh Mohammad ibn AbdoulKarim Al Issa prit ensuite la parole avant que ne s'exprime le Secrétaire Général du Conseil de Droit Islamique de la Ligue, le Cheikh Salih ibn Zabin Al Marzouqi puis le Haut Responsable des Affaires Religieuses de Turquie, le Docteur Mohammad Kurmaz qui représenta, à travers son intervention, les institutions gouvernementales participants au Congrès et enfin le Cheikh AbdouLLAH ibn Bayya, Président du Forum de Promotion de la Paix dans les Sociétés Musulmanes, qui représenta quant-à-lui les institutions et organismes islamiques privés.
Les invités dialoguèrent tout au long du Congrès autour des sujets de recherche présentés puis émirent les recommandations suivantes:
1. Charger le Secrétariat Général du Conseil de Droit Islamique de la Ligue Islamique Mondiale de préparer un programme au sujet des "règles religieuses relatives aux tendances idéologiques contemporaines" qu'il débattra lors de sa prochaine session en vue d'une adoption commune par les différents courants islamiques.
2. Encourager les institutions gouvernementales et les organismes privés dans le monde musulman à œuvrer afin de renforcer les valeurs islamiques suprêmes d'amour, de bienfaisance, de tolérance, de cohabitation, d'harmonie et à faire barrage aux causes de désaccord, de division et de haine. Et, en ce sens, accepter la Règle Divine de divergence, de multiplicité et de pluralité de la création. De même, mettre en valeur la diversité des écoles islamiques, dans le cadre de leur apport scientifique et idéologique légal, en les considérant comme une manifestation de la souplesse de la Charia ainsi que de son caractère universel et de la facilité de sa pratique.
3. Appeler les musulmans à respecter le lien religieux qui les unis, à cohabiter conformément à sa guidée, à s'attacher aux nobles valeurs de l'Islam lors des dialogues ou des présentations scientifiques et idéologiques, à prendre garde de ne pas dénigrer les adeptes des différentes tendances islamiques, à éviter les causes de conflit et de réveil du fanatisme sectaire puis incriminer cet acte en exposant ses auteurs à des poursuites pénales.
4. Réclamer des dirigeants musulmans qu'ils s'opposent aux chaines de télévision et aux différents médias qui propagent, provoquent et attisent la haine et le mépris entre les musulmans ou dans leur relation avec les non-musulmans. Ceci, pour ce que ces agissements comportent comme méfaits et impliquent comme abandon de la guidée de l'Islam qui nous enjoint de concrétiser l'unité des musulmans et de les mettre en garde contre la division et la divergence, et ce, conformément à la Parole d'ALLAH (traduction du sens): "Et cramponnez-vous tous ensemble à la corde d'ALLAH et ne soyez pas divisés. Et rappelez-vous le bienfait d'ALLAH sur vous lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères". De même, ALLAH les incite à faire preuve de bienfaisance et de bonté dans leur cohabitation avec les non-musulmans comme Il le dit dans le Saint Qor'an: "ALLAH ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car ALLAH aime ceux qui sont équitables".
5. Prendre garde aux classifications religieuses et idéologiques hâtives, et ce, qu'elles visent des institutions gouvernementales, des organismes privés ou des individus. Et les considérer comme la principale source de trouble, d'extrémisme, de conflit et de discorde entre les musulmans.
6. S'accrocher au lien qui unit les musulmans, à leur identité commune et au nom de "l'Islam" que leur Seigneur leur a accordé. De même, les mettre en garde contre les autres appellations et qualificatifs qui sont de nature à nuire à ce noble nom unificateur. Enfin, réclamer que l'exposition de la vérité ne sorte pas des fondements de base et des règles pratiques de cette large appellation, et ce, en respect de la sage méthodologie de l'Islam en termes de conseil et de présentation des idées.
7. Considérer les qualificatifs relatifs aux orientations religieuses, dans les fondements du dogme, et aux écoles de Droit Islamique, dans les questions de pratique cultuelle, comme des qualificatifs descriptifs que les savants de la communauté ont toujours accepté. Ceci, sans tolérer que ces qualificatifs concurrencent le nom général de "l'Islam" ou qu'ils soient sectairement employés, en opposition aux ouvrages de référence de la communauté musulmane, que ce soit pour des intérêts politiques, organisationnels ou autres. Il n'est permis sous aucun prétexte de contester le pouvoir en place. Tout musulman se doit d'obéir à ses dirigeants dans la limite du bien; que ce soit dans la facilité, la difficulté, l'enthousiasme, le dégout ou le favoritisme qui ne doit pas le pousser à se retourner contre eux et à abandonner ainsi la guidée prophétique.
8. Mettre en garde contre le fait d'émettre des accusations de mécréance, d'innovation religieuse ou de déviance. Les savants musulmans doivent chercher des excuses à leurs frères, ne pas avoir de préjugés à leur égard, les conseiller avec sagesse et prendre garde à ne pas les traiter avec orgueil ou selon une logique d'exclusion, sans oublier que la vérité n'est pas exclusive à une personne en dehors des autres.
Les musulmans, qu'ils soient organismes ou individus, devront émettre des doutes sur leurs avis avant de douter sur ceux des autres. Ils devront donc prendre conscience du fait que les opinions ne peuvent être imposées mais uniquement présentées avec leurs arguments tout en respectant l'éthique du dialogue et la logique de l'harmonie conformément à la voie de notre Prophète Mohammad (paix et bénédictions sur lui), comme ALLAH le dit dans Son Livre Saint: "C'est par quelque miséricorde de la part d'ALLAH que tu as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient éloignés de toi".
9. Demander aux minorités musulmanes résidant hors des terres d'Islam de respecter les constitutions, les lois et les cultures de leur pays de résidence et de s'attacher à leurs spécificités islamiques en conformité avec les outils constitutionnels et juridiques en vigueur puis d'en respecter les décisions finales. Et quiconque ne pourra rester devra quitter ces pays sans troubler l'ordre public ou porter atteinte à la conscience générale.
10. Appeler les institutions, fondations et centres islamiques dans les pays non-musulmans afin qu'ils inculquent aux minorités musulmanes le respect de la constitution, des lois et de la culture de leur pays de résidence et le fait que la moindre atteinte à cela nuit à l'Islam, éloigne les gens de sa voie et le confronte à des accusations dont il est innocent. Les minorités doivent être un modèle de transparence dans leur activités, soutenant la paix et la cohabitation. Elles doivent présenter un apport positif à leurs pays de résidence, les aidant à réaliser la paix sociale. Leurs activités de bienfaisance devront être empreintes d'un humanisme profond comme ALLAH l'a ordonné dans Son Livre Saint: "Et ils offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l'orphelin et au prisonnier". Il ordonna dans ce Verset d'offrir la nourriture aux prisonniers de guerre, que dire donc des autres catégories de personnes? Notre Prophète (paix et bénédictions sur lui) dit à ce sujet (traduction du sens): "Il y a une récompense (à gagner) en toute âme vivante".
Elles doivent donc prendre garde aux effets négatifs de la classification, qu'elle soit religieuse, idéologique, ethnique ou autre. Elles doivent avoir conscience que, tout au long de son histoire, l'Islam ne s'est propagé et n'a été accepté dans les cœurs que par cette souplesse et cette miséricorde avec lesquelles Le Tout-Puissant a envoyé notre Prophète Mohammad (paix sur lui) comme Il l'affirme dans Le Saint Qor'an: "Et Nous ne t'avons envoyé que par miséricorde envers les mondes".
11. Inviter les institutions, les fondations et les centres islamiques gouvernementaux ou privés à mettre les jeunes en garde contre le danger des idées extrémistes, à s'opposer aux messages négatifs propagés par les médias terroristes, surtout dans les réseaux sociaux, puis à étudier ces messages en détails afin de les démanteler.
12. Insister sur le fait qu'aucune école ou courant islamique, que ce soit dans les fondements du dogme ou dans les règles pratiques, n'appelle à l'extrémisme ou au terrorisme. La preuve à cela réside dans le fait que tous, sans exception, ont combattu cette déviance idéologique qui les combattit aussi. Les porteurs de cette pensée égarée ont renié la guidée islamique et le groupe des musulmans.
Il sont en cela une fatalité de toutes les religions. Aucune religion n'est terroriste à la base mais aucune n'est exempte de terroristes. L'histoire de l'humanité témoigne de nombreux épisodes de cette nature dont aucune religion, époque ou endroit ne furent exempts. Ils disparurent et resurgirent d'un moment à un autre. Cependant la pensée terroriste contemporaine se démarque par d'horribles crimes dont les causes peuvent être résumées comme suit:
a. L'absence de modèle et la faiblesse des modèles contemporains.
b. L'apparition du mouvement appelé "l'éveil des jeunes musulmans" caractérisé par un faible niveau de connaissances, de lucidité et un éloignement des savants religieux reconnus.
c. La provocation de la ferveur religieuse des jeunes par certains prêcheurs ne disposant d'aucune analyse correcte des dimensions religieuses et politiques, de lecture profonde de l'actualité sans mentionner les graves erreurs de raisonnement scientifique, de conceptualisation et d'application des règles de l'Islam à la réalité.
d. La création d'un sentiment négatif à l'égard de l'autre sur le plan religieux, tendanciel ou idéologique.
e. L'absence d'un esprit de tolérance et de cohabitation.
f. L'absence d'un esprit d'harmonie et de cohésion.
g. Les effets négatifs des environnements d'origine sur la façon de se comporter avec les personnes aux opinions différentes.
h. La négligence par certaines familles, institutions éducatives ou tribunes d'orientation des dangers de la pensée générale dans le modelage des idées et des émotions. La faiblesse des matières scolaires pratiques visant à encourager la pensée libre et indépendante loin des méthodes d'apprentissage traditionnelles basées sur l'unique mémorisation et le suivi aveugle qui sont les principales causes de l'anesthésie de la pensée et de la non-considération des dangers.
i. L’ignorance des règles islamiques permettant de distinguer les avantages des inconvénients dans des situations données.
j. La propagation de l’islamophobie dans certains pays musulmans et son utilisation dans le domaine politique et médiatique représente l’un des vecteurs les plus influents agissant sur la sensibilité religieuse, ce qui en fait une autre face du terrorisme violent car, sous certains aspects, elle véhicule une forme de terrorisme idéologique parallèle.
k. Ignorer les spécificités islamiques qui sont en conformité avec les règles générales des constitutions, les lois et de l’éthique qui appellent à la tolérance, la coexistence, le respect des droits de l’homme et de ses libertés dans certains pays non-musulmans, qui poussent les partis extrémistes appelant à la haine et à outrepasser les avantages de l’intégration nationale et la coexistence pacifique qui est, depuis toujours, le propre de nombreuses minorités, qu’elles soient musulmanes ou non, en appelant à l’effacement total de l’identité et de la culture d’origine.
l. Les écrits, les discours, les colloques et les communiqués de certaines personnes prétendant être des gens de savoir ou des prédicateurs qui attisent la ferveur islamique envers tel ou tel évènement, point de vue, décision d’une façon contraire à l’éthique musulmane et la sagesse dans l’échange des idées, en considérant ceci comme étant les erreurs les plus graves qui provoquent l’extrémisme et ses violentes dérives terroristes.
j. La recherche de personnalité qui fait que ces jeunes deviennent des victimes qui tombent dans le piège de l’héroïsme en se projetant dans des présentations trompeuses ayant pour but de stimuler les émotions.
k. Les circonstances psychologiques et sociales difficiles qui conditionnent une pratique erronée de la religion.
l. La confusion autour de certains termes et concepts islamiques, sans en avoir une explication claire et juste, surtout les dangereuses perceptions illusoires et hasardeuses du Jihad, du droit de gouvernance, de la période antéislamique, de l’Etat, de la terre d’Islam et de la terre de guerre, etc.
Il est donc nécessaire que le Conseil de Droit Islamique de la Ligue Islamique Mondiale prenne en charge ce sujet.
13. Considérer la confrontation idéologique de l'extrémisme comme l'objectif principal à éradiquer à la racine, sachant que les actions militaires, malgré leur importance capitale pour endiguer le danger du terrorisme, ne suffisent pas à remporter la bataille finale. Le terrorisme vit dans un monde virtuel sans frontières. La plupart de ses opérations criminelles ne nécessitent pas de grand investissement. Tout comme il est nécessaire de contrôler les ressources financières en réduisant l'échange de monnaie traditionnelle par une utilisation des modes de paiement modernes.
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