Ouverture du Congrès sur les relations interculturelles entre le Monde Musulman et les États-Unis à New York en présence de représentants de 56 pays
Les travaux du Congrès International organisé par la Ligue Islamique Mondiale dans la ville de New York sous le titre "Les relations interculturelles entre les États-Unis et le Monde Musulman" débutèrent avec la participation des Nations-Unies et en présence de 450 savants et intellectuels représentant 56 pays ainsi que d'organismes scientifiques et culturels islamiques et américains.
La cérémonie d'ouverture fût marquée par la présence du Secrétaire Général de la Ligue Islamique Mondiale, le Cheikh et Docteur Mohammad bin AbdoulKarim Al Issa, du Secrétaire Général de L'Organisation de Coopération Islamique, le Docteur Youssouf Al Otheymine, du Directeur Général de l'Administration de la Sainte Mosquée de Makkah et de la Mosquée Prophétique, le Docteur AbdouRahmane bin AbdoulAziz As-Soudayss, du Président du Forum pour la Promotion de la Paix dans les Sociétés Musulmanes, le Cheikh AbdouLLAH bin Bayya, du Président de l'Administration Générale des Legs et des Affaires Religieuses des Émirats Arabes Unis, le Docteur Mohammad bin Matar Al Kaabi, du Vice-Recteur de l'Université d'Al Azhar, le Docteur Abbass Choumane, du Secrétaire Général du Conseil Mondial des Dignitaires Religieux aux Nations Unies, M. Bawa Jain, du Secrétaire Général de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix, M. William Vendley et de l'Ambassadrice des États-Unis aux Nations-Unies pour les Libertés Religieuses, Mme Suzan Cook.
En ouverture de ce congrès, le Secrétaire Général de la Ligue Islamique Mondiale prononça le discours suivant:
"Les relations interculturelles entre le Monde Musulman et les États-Unis ont une longue histoire d'échange et de coopération humanitaire, scientifique, économique et politique. Cette longue relation interculturelles démasque l'erreur monumentale de la théorie du choc des civilisations basée sur la provocation de la haine, du racisme et l'instauration de barrières imaginaires. Une théorie qui, dans certaines de ses thèses, s'attaque même aux valeurs communes et aux échanges scientifiques et humains pour mener, au final, vers un déclin aigu de l'esprit humain et une sortie du cadre de la saine raison loin des concepts civilisés. Ceci résulte du refus de l'autre, et ce, sous l'effet du pessimisme, de la haine ou de l'incompréhension."
Le Docteur Al Issa ajouta: "Un tel comportement mène à abandonner les multiples choix possibles permettant de réunir, de rapprocher les gens et de leur profiter à tous. Ceci, en rappelant que la cohabitation civilisée ne signifie pas obligatoirement l'acceptation de toutes les opinions de l'autre. Cependant, il demeure que la chose la plus importante est de comprendre la réalité immuable de diversité, de divergence et de pluralité de la Création, et ce, afin de bâtir une réelle coopération et entraide à la lumière de cette réalité afin de servir les intérêts communs ainsi que l'humanité toute entière, de promouvoir la paix sociale, la sécurité intellectuelle et de vaincre la mal tout en renforçant les concepts de bienfaisance, de justice et de liberté légitime sans discrimination religieuse, sectaire, raciale, politique, idéologique ou autre."
Le Secrétaire Général de la Ligue souligna le fait que les leaders de l'extrémisme avaient prouvé qu'ils se rencontraient idéologiquement avec certains de leurs ennemis (représentant l'extrémisme opposé) sur la croyance en la théorie du choc des civilisations et sa propagation, que ce soit pour des considérations religieuses, sectaires, idéologiques ou culturelles, et que cette hasardeuse idéologie résultait du refus de ses adeptes de la multiplicité des opinions sur notre planète. Certains allèrent même jusqu'à faire l'apologie d'une race ou d'une ethnie donnée appelant à éradiquer le reste par tous les moyens possibles, ce qui représente, sans aucun doute, une catastrophe idéologique menant à une catastrophe humaine.
Le Docteur Al Issa affirma que ce trouble des fonctions cognitives et intellectuelles fût la cause de nombreux drames humains, soulignant que la Ligue Islamique Mondiale avait pour mission de propager un message humaniste universel à travers la coopération et la collaboration afin de servir les intérêts communs et l'humanité toute entière tout en promouvant la compréhension de la diversité, de la divergence et du pluralisme comme des réalités immuables de la Création et en appelant à faire le meilleur usage de la raison et de l'intelligence que le Créateur nous a accordé afin de parvenir à la vérité que nous recherchons tous, et ce, dans tous les domaines que ce soit, sans imposer notre opinion aux autres. Il rappela également que tout refus de cette réalité était de nature à plonger l'humanité dans des conflits sans fin car il était impossible qu'une seul orientation règne sur la planète toute entière.
Le Secrétaire Général conclut son intervention en rappelant que les évènements de l'histoire témoignant d'effrayantes catastrophes résultant des conflits devaient nous mener à croire en la théorie de la rencontre et de la coopération. Bien plus, ils devaient nous mener à celle de l'entraide des civilisations, non pas à leur choc, car cette erreur de pensée et d'analyse ouvrit la porte à tous ces désastres ainsi qu'à une conception pessimiste au lieu d'une conscience saine et un traitement adapté.
Le Docteur Youssouf Al Otheymine prit ensuite la parole et affirma que l'Organisation de la Coopération Islamique croyait fermement au rôle du dialogue dans la promotion du respect et de la compréhension commune entre les peuples ainsi qu'au renforcement de la culture de cohabitation pacifique afin de bénéficier aux États-Unis et au Monde Musulman, insistant sur l'importance des bonnes relations entre les peuples pour éviter de sombrer dans les méandres de la haine et de la discrimination.
Il appela à faire face à l'islamophobie,au racisme et à la xénophobie en adoptant une approche globale de dialogue entre les États-Unis et les peuples musulmans soulignant l'importance de se concentrer sur les facteurs communs aux deux communautés afin d'établir un dialogue profitable.
Le Docteur AbdouRahmane As-Soudayss prononça également un discours dans lequel il souligna le fait que l'origine humaine commune des peuples devait les pousser à s'éloigner de la discrimination et à s'orienter vers la paix et le dialogue. Il aborda les différents types de rapports entre les peuples et leur rôle dans le renforcement des relations entre les êtres humains, souligna le rôle pionnier du Royaume d'Arabie Saoudite dans le domaine des relations culturelles et appela à la diffusion de cette culture dans tous les pays, et ce, pour ce qu'elle implique comme renforcement des valeurs de justice et d'égalité entre les êtres humains. Le Cheikh As-Soudayss souligna enfin la nécessité d'activer les canaux visant à la construction de notre monde et à la propagation du bien puis à faire face aux l'extrémistes terroristes porteurs de la pensée déviante via des méthodes scientifiques.
Le Secrétaire Général du Conseil Mondial des Dignitaires Religieux aux Nations Unies, M. Bawa Jain, prit ensuite la parole pour remercier la Ligue Islamique Mondiale et ses responsables pour le succès de la tenue de cet important congrès, notant que le Royaume d'Arabie Saoudite était l'état qui accordait le plus d'importance aux intérêts des musulmans de par le monde. Jain nota que le nombre de musulmans aux États-Unis dépasserait les 50 millions en 2050 et que les deux parties devaient partager leurs préoccupations et leurs craintes afin de surmonter les obstacles qui pourraient entraver la voie du développement dans le monde. M. Jain appela ensuite à passer de l'étape de l'acceptation de l'autre à celle de son respect. Il souligna la nécessité pour les musulmans américains de participer à la vie publique et aux activités civiques, d'être patriotiques et engagés dans les intérêts de leur pays et de leurs concitoyens.
Pour sa part, le Secrétaire Général de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix, M. William Vendley, salua les efforts de la Ligue en ces termes: "La coopération entre la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix et la Ligue Islamique Mondiale me rend fier d'une relation aussi étroite entre les deux institutions. J'espère que toutes les parties continueront à coordonner pour la paix dans le monde."
Il souligna aussi que la relation des États-Unis avec le Monde Musulman découlait de la volonté des deux parties de fournir une assistance à tous les membres de la grande famille humaine, soulignant l'importance du rôle de leurs principes suprêmes comme une valeur commune entre la communauté musulmane et américaine et que les grandes civilisations ne provenaient que des grandes religions, ce qui était l'un des principaux points communs entre les États-Unis et le Monde Musulman.
Il exprima enfin sa confiance au fait que le bien présent dans l'Islam et le Christianisme était capable de renforcer les liens entre les États-Unis et les pays musulmans. Il souligna également que la solidarité entre les fidèles des deux nations contre ceux qui leur nuisent était suffisante pour vaincre les forces du mal et répandre la paix. De même, le dialogue continu entre les deux parties participera à rapprocher les différents points de vue et à soulever les malentendus, et ce, à condition de bonne volonté et de sincérité.
Dans son intervention, le Docteur David Nasr souligna l'importance de l'intégration dans les nouvelles sociétés et le rôle efficace que les projets interculturels pouvaient jouer dans la consolidation des relations entre les États-Unis et le Monde Musulman avec la nécessité de faire preuve d'une réelle volonté d'atteindre les objectifs en abandonnant le désespoir et le défaitisme.
Pour sa part, le Docteur Mohammad bin Matar Al Kaabi souligna l'importance d'échanger les points de vue et les expériences sur le sujet des relations positives et efficaces entre les États-Unis et le Monde Musulman. Il souligna que la recherche de moyens permettant de renforcer le dialogue entre les deux entités continuait à tous les niveaux, surtout après le sommet Arabo-Islamique Américain organisé à Riyadh le mois de Chaaban dernier.
Il ajouta que les peuples du Monde Musulman croyaient que les relations culturelles avec les États-Unis d'Amérique devaient être basées sur les valeurs communes entre les principes de la civilisation islamique et les hautes valeurs de la constitution américaine qui consacrent la liberté, établissent les droit des peuples, appliquent les nobles lois et respectent les droits de l'homme. C'est d'ailleurs sur ce principe que se bâtirent les relations entre les États-Unis et les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, sur des bases solides de valeurs partagées, de complémentarité culturelle, d'interdépendance des intérêts communs et de coopération dans l'ensemble des questions régionales et internationales.
Le Docteur Al Kaabi souligna que les conflits confessionnaux, ethniques et sectaires que vivait le monde aujourd'hui constituaient une réelle menace pour les relations interculturelles, ce qui nécessitait que les intellectuels de premier plan, les créateurs d'opinion, les religieux et les centres de décisions prennent des mesures décisives pour affronter ces graves défis, pour promouvoir le dialogue et répandre des valeurs d'amour fraternel au lieu de déclencher des guerres et des conflits. Il faudra donc promouvoir une culture de tolérance et de coexistence et éradiquer l'inimitié et la haine, renforcer les principes de justice et de paix et lutter contre le l'injustice et la tyrannie.
Il souligna également que les États-Unis et les dirigeants des pays arabo-musulmans avaient établi un partenariat étroit leur permettant de faire face à l'extrémisme, au terrorisme et de concrétiser la paix, la stabilité et le développement au niveau régional et international, et ce, en affirmant leur engagement ferme à lutter contre toutes les formes de terrorisme et à éradiquer ses racines culturelles afin d'assécher ses sources financières. De même, en renforçant la cohabitation entre les peuples, en fournissant un environnement sûr et stable, en établissant une politique de partenariat stratégique entre les États-Unis et le Monde Musulman afin de coordonner les positions, les points de vue et renforcer les échanges scientifiques, la coopération dans le domaine de la recherche et améliorer les aptitudes dans tous les domaines afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles.
Le Docteur Al Kaabi ajouta que les institutions religieuses qui représentaient la modération dans le Monde Musulman faisaient de grands efforts pour consolider les relations, comme c'est le cas de la Ligue Islamique Mondiale qui appelle tous les participants à ce congrès à corriger les concepts religieux déformés par les extrémistes qui en font usage pour justifier leurs pratiques criminelles et terroristes. Il conclut enfin son discours en affirmant que la lutte contre toutes leurs formes de fanatiques et d'extrémismes était une responsabilité commune aux pays du monde entier.
Dans un discours similaire, le cheikh AbdouLLAH bin Bayyah salua les efforts du Royaume dans la promotion de la paix entre les nations ainsi que pour avoir accueilli le siège de la Ligue Islamique Mondiale à Makkah. Il mentionna que le Royaume détenait toutes les valeurs humaines et religieuses et était apte à diriger le monde musulman dans des rencontres et des conférences comme celles-ci. Il accorda une grande importance à ce congrès organisé dans des conditions difficiles, le monde affrontant des dangers qui menacent son existence et fragilisent l'évolution humaine. C'est en effet la première fois dans l'histoire que l'homme possède des armes lui permettant de détruire la terre entière.
Le cheikh bin Bayyah indiqua que les efforts de la Ligue Islamique Mondiale contribuaient grandement à la promotion des échanges et de la coopération, et ce, à travers ses initiatives d'établissement de canaux de dialogue. Il rappela que la Ligue, en tant qu'organisation ancienne et solide, était une plateforme de dialogue et d'échange entre les musulmans. Il aborda ensuite les sujet des relations islamo-américaines en expliquant qu'elles reposaient sur les quatre valeurs humaines communes que sont la clémence, la sagesse, les intérêts et la justice, des valeurs à la base de la coexistence entre les êtres humains et conformes à la constitution américaine.
Pour sa part, le Docteur Abbass Choumane mentionna l'importance des relations interculturelles entre les États-Unis et le Monde Musulman, affirmant que ce congrès arrivait à un moment où le Monde Musulman vivait des circonstances difficiles, ce qui confirmait l'importance de ces contacts. Il ajouta que nous devions être conscients que l'échappatoire à cette situation résidait uniquement dans la culture de la paix, non pas celle de la guerre qui attestait, tout au long de l'histoire, de son incapacité à résoudre les conflits ou à concrétiser des acquis durables.
Le Docteur Choumane déclara également que les efforts communs et sérieux entre les musulmans et les États-Unis pouvaient énormément apporter au monde entier. Il mentionna que si nous voulions le faire, nous devions convaincre les musulmans et les non-musulmans de notre volonté et de la droiture de notre voie puis travailler ensemble pour le bien de l'humanité et du développement loin des querelles politiques.
Il souligna aussi que les relations interculturelles entre les musulmans et les adeptes d'autres religions dataient des premier jours de l'Islam, le Prophète (paix sur lui) ayant envoyé plusieurs messagers aux rois de Perse, de Rome, d'Abyssinie, d'Égypte et du Yémen. Cette relation perdura entre les musulmans et les autres civilisations à travers le temps, celles-ci profitant de l'Islam.
Il ajouta qu'aucune civilisation ne pouvait nier les apports scientifiques d'ibn al-haytham, d'ibn sina, d'ibn al-baytar et d'ibn firnass, notant que la civilisation musulmane avait aussi profité des autres cultures à travers les traductions de Bayt Al Hikma.
Il souligna enfin que la religion musulmane nous avait appris que la différence de religion ne devait pas être une cause de conflit et que toutes les personnes qui avaient des d'intérêts humains communs devaient œuvrer ensemble en prenant comme exemple l'ouverture précoce de l'Islam aux non-musulmans et en considérant l'émigration du Prophète Mohammad (que la Paix et la Bénédiction d'ALLAH soient sur lui) de Makkah à Médine avec un guide non-musulman comme une leçon pour notre ère.